PAGINA AUSONII

Introduction

La PAGINA AUSONII comporte pour le moment:

Le texte peut être consulté en français, en anglais ou en allemand.

Voici encore une autre page W3 consacrée à Ausone et située sur l'excellent site de l'Université d'Erlangen: Studienbibliographie zu Ausonius (1996)

La page a été rédigée par le professeur Ch. M. Ternes - Centre Universtaire de Luxembourg -. La transcription en langage HTML a été réalisée par Joseph Reisdoerfer .


VERSION FRANÇAISE

Un poème pour l'avenir

Il y aura bien un temps où, pour atténuer mes soucis, je consacrerai aux études un loisir sans prétentions. Je rechercherai les coins chauds à la manière des vieillards: mais la grandeur de mon propos m'évitera le ridicule: alors, en effet, je mentionnerai l'un après l'autre les hauts faits des Belgae et je chanterai ce qui fait toute leur illustration: la fidélité à leur moeurs ancestrales! D'un fil arachnéen les Piérides tisseront pour moi des chants apaisants: sur une trame légère courront les images, elles accorderont la pourpre à mes propres fuseaux.

Qui ne mentionnerai-je pas? Je rappellerai les paisibles paysans, ceux qui connaissent les lois et, de leur rhétorique puissante, sont l'ultime recours de qui l'on accuse; ceux que les assemblées municipales ont vu donner leur pleine mesure, fils des meilleures familles, membres d'un sénat bien à eux; ceux que la faconde cultivée dans une célèbre école à bande de pourpre a élevés au niveau du grand Quintilien de naguère; ceux qui dirigèrent leurs villes et furent les parangons d'une justice non sanglante et de haches qui ne font aucun tort, qui ont - au second rang, préfets - gouverné les peuples d'Italie ou les Bretons nés des Aquilons ...

Ausone, Mosella, v. 392-408.


Biographica

Decimus Magnus Ausonius était (probablement) né en 310 à Bordeaux (Burdigala). Vers 337 il devient professeur, en octobre 367, il s'installe à Trèves (Augusta Treverorum, Trier) à l'appel de l'empereur Valentinien. Il devient le précepteur de Gratien, l'héritier présumé du trône et, semble-t-il, le conseiller de Valentinien. Après la mort de celui-ci (en 375), Ausone (et plusieurs membres de sa famille) parviennent à des postes importants dans l'Etat.
Cette carrière (double: de poète et d'homme d'Etat) est menacée en 384, lorsque Maxime se rend maître de l'Occident et chasse les dignitaires du régime précédent. Ausone quitte Trèves pour retourner (à tout jamais) dans sa patrie.

A ce moment, la Mosella existait depuis plus de dix ans. Elle avait fait la réputation d'Ausone qui pourtant employa les dernières années de sa vie (il est décédé après 394) à une abondante production littéraire.
Le poème Mosella (483 hexamètres) a souvent été pris pour un simple divertissement. Les nombreux emprunts aux grands poètes du passé (Virgile, Ovide, Horace, mais aussi Stace, Silius et Pline), la structure complexe du poème, la foi - apparemment - naïve en un monde meilleur ont nui à la réputation de ce chant de la terre dispensatrice des bienfaits du corps et de l'esprit.


Bibliographica


Commentarium

Il n'est pas certain que le poète ait sérieusement pensé à faire une sorte de prosopographie des Trévires illustres (les Treviri font partie des Belgae qui occupent une partie de la Provincia Belgica). Ceux-ci n'ont peut-être pas existé: l'épigraphie ne nous fait pas connaître les préfets mentionnés, mais semble fournir une bonne documentation sur une classe aisée, pieuse, travailleuse, prête à s'engager dans la politique locale et régionale. C'est à leur gloire que sont écrites les lignes que nous avons traduites: des gens soucieux de leurs traditions (mores patrii); des cultivateurs paisibles (quieti agricolae); des experts juridiques (legum cati: Trèves, souvent l'une des métropoles de l'Empire, avait besoin de ces compétences); des avocats possédant tout leur art (fandi potentes) prêts à défendre les accusés devant un tribunal auquel Ausone consacre l'éloge essentiel et décisif, de ne pas être souillé de sang. Les haches inoffensives (innocuae secures) sont l'emblème d'un pouvoir plus soucieux de conforter que de punir.

On notera que l'iconographie (p. ex. sur les monuments de Neumagen, exposés au Rheinisches Landesmuseum Trier, au Musée National d'Art & d'Histoire à Luxembourg) donne l'image de ces personnes que le poète élevait à une dignité archétypique.

Pour l'avenir. Le présent était quelque peu incertain, la ligne du Rhin déjà difficile à tenir, l'intérieur des provinces maintenait mal son rang jadis florissant. On ne peut pas dire qu'Ausone ait voulu l'ignorer (ni qu'il ait fait simplement de la propagande), mais il voulait stimuler le courage de ceux qui avaient depuis si longtemps fait la force du pays trévire.

Traduction et commentaires de Charles M.Ternes.
Mise en forme par Joseph Reisdoerfer.

VERSION ALLEMANDE

Ein Gedicht für die Zukunft

Die Zeit wird kommen, da ich mich Aufgaben hingeben werde, die keinen Ruhm einbringen, aber Sorgen beschwichtigen. Wie es Alten geziemt, werde ich die Sonnenseiten aufsuchen. Der Rang meines Stoffes wird mich rechtfertigen. Dann nämlich werde ich, einzeln, die Taten der Belger besingen, ihren unberührten Stolz: die Wahrung väterlicher Sitte. Die Pieriden werden für mich sanfte Gesänge mit reinstem Garn spinnen, auf dem leichten Geflecht gleiten willkommene Bilder: so wird auch meinem Schiffchen Purpur beigegeben.

Aber wen werde ich dann nicht erwähnen? Genannt werden die friedfertigen Bauern, die Kenner des Gesetzes, die Redegewaltigen, höchster Schutz der Verklagten; jene, welche die Kurie an der Spitze der Kommunen sah, die Ersten, in ihrem eigenen Senat; jene auch, welche die Redekunst einer berühmten purpurumsäumten Schule zu Ebenbürtigen des alten Quintilian emporhob; die ihren Städten vorstanden oder einem von Blut verschonten Gericht, Aexte ohne Schuld, oder, in zweiter Linie, als Präfekten Italiens Völker oder die nordwindgeborenen Briten führten.

Ausonius, Mosella, V. 392-408.


Biographica

Decimus Magnus Ausonius war (wahrscheinlich) 310 in Bordeaux (Burdigala) geboren. Um 337 wurde er Lehrer, im Oktober 367 kam er nach Trier (Augusta Treverorum), gerufen von Kaiser Valentinian I., der ihn zum Lehrer seines Sohnes und Thronfolgers, Gratian bestimmt hatte. Nach des Kaisers Tod (375) erfüllte Ausonius (mit mehreren Mitgliedern seiner Familie) die höchsten Aemter des Staates.
Seine doppelte Karriere, als Dichter-Lehrer und Dichter-Politiker geriet 384 ins Wanken, als Maximus sich den Westen unterwarf und die Träger des vorigen Regimes absetzte. Ausonius verließ Trier und kehrte (für immer) in seine Heimat zurück.

Damals bestand die Mosella schon seit mehr als zehn Jahren. Sie hatte ihm bleibenden Ruhm gebracht, was ihn nicht hinderte, die letzen Jahre seines Lebens (er starb nach 394) einer emsigen Dichter-Tätigkeit zu widmen.
Das Gedicht Mosella (483 Hexameter) wurde manchmal als einfaches Divertimento aufgefaßt, das mit Eleganz Zitate und Erinnerungen aus dem goldenen Zeitalter (Vergil, Ovid, Horaz) und dem silbernen (Statius, Silius, die Panegyriker) verarbeitete, Bravourstücke einschob und keine tieferschürfende Bedeutung beanpruchte.
Dem wurde widersprochen, weil man vermutete, daß ein Mann in des Ausonius Stellung nicht nur amüsieren, nicht nur belehren sondern auch bewirken wollte, daß z.B. die Thematik Lied von der Erde als Ursprung von Kraft und Gedeihen des Geistes und des Körpers, auch einen mehrschichtigen, evtl. politischen Sinn beinhalten könnte.


Bibliographica


Commentarium

Es ist keineswegs sicher, daß Ausonius wirklich eine Art Prosopographie der berühmten Belger (die Treverer gehörten zu den Belgae und mit ihnen zur Provincia Belgica) plante; vielleicht gab es eben Berühmtheiten dort nicht (Inschriften belegen üppige mittelständisch-bürgerliche Kreise, keineswegs Praefekten, die Italien oder Britannien beherrschten) und die wahre Absicht des Dichters war vielleicht, jene Kategorie von Leuten zu beschreiben, die der Väter Sitte (patrii mores) treu blieben, friedfertig ihre Aecker bestellten (quieti agricolae), Anwälte (legum cati), Redner (fandi potentes) waren, Vorsitzende eines Tribunals, das nicht von Blut triefte und dessen Symbol harmlose Aexte waren (Aexte und Rutenbündel sind das Wahrzeichen des römischen Staates). Ausonius wünschte eine Zukunft, die eher aufbaute als bestrafte.

Die Ikonographie (z. B. die sogen. Neumagener Reliefs im Rheinischen Landesmuseum in Trier, sowie die neue Darbietung des entsprechenden Materials im Luxemburger Musée National d'Art & d'Histoire) gibt ein gutes Bild von den Gesellschaftsgruppen, die Ausonius besingt.

Ein Gedicht für die Zukunft. Die Gegenwart war damals etwas unsicher: der Rhein war wieder Reichsgrenze und schwer zu verteidigen. Im Innern der Provinzen sah es manchmal bedrohlich aus, gerade dort wo früher fruchtbares Landleben geblührt hatte. Man darf nicht behaupten, Ausonius habe das alles einfach übersehen, oder er habe Propaganda für seinen Kaiser geschrieben. Er verstand die Rolle des Dichters als die eines Denkers für eine kommende Zeit, die aus der Vergangenheit neuen Mut und festere Hoffnung lernen sollte.

Uebersetzung und Kommentar von Charles M.Ternes.
Netz-Redaktion von Joseph Reisdoerfer.

VERSION ANGLAISE

A Poem for the Future

That will be the time when -to soothe my sorrows- I shall indulge in the works of plain leisure, like the elderly I shall go for the warming sun. But the glory of the matter I shall treat justifies what I do. Then indeed, I shall sing, one by one, the illustrious deeds of the Belgae true to their fathers' traditions. The Pierides shall spin subtle songs with delicate thread; on the light plait pass welcome pictures. Thus purple shall be woven even by my shuttle.

But whom should I not mention then? I shall not forget the quiet peasants, the experts of law, the powerful speakers, supreme shield to the defendant; those whom the curia saw as noblemen of their own senate and those whom the eloquence of a famous, purple-bordered school raises up to the level of old Quintilianus! They command their cities and are the pride of a court, pure, untouched with blood: harmless axes! Or those who led the peoples of Italy and the Britons born from the North Wind, prefects, from the second row.

Ausonius, Mosella, v. 392-408.


Biographica

Decimus Magnus Ausonius was (probably) born in Bordeaux (Fr., Burdigala) in 310 AD. In 337 he became a teacher. In October 367 he was invited to Trier (Augusta Treverorum) by Emperor Valentianus I. to be the private teacher of his son Gratianus. After the emperor's death in 375, Ausonius (and various members of his family) occupied the highest ranks at the top of the state.
The poet's double career, as a poet and a statesman was questioned when, in 384, Maximus imposed his domination upon the whole Western part of the Empire and dismissed Gratianus' counsellors. Ausonius left Trier and went back (for ever) to his home-country.

At that point the Mosella had been in the hands and cabinets of learned people for more than ten years. And many works were added until the poet died, after 394.
The poem Mosella (483 hexameters) has been for a while taken for a divertimento combining in a more or less baroque way quotations, imitations, pastiche, wisdom and knowledge borrowed from Horace, Virgil and Ovid, but also Pliny, Statius, Silius and the Panegyrists.
There has been opposition against this superficial reading. A man in Ausonius' position had better do, a greater song to sing, and he did. Immediately behind the apparent, bucolic theme Song of the Earth, appears a general concern with the problems of the time and the future of the Empire.


Bibliographica


Commentarium

It is by no means ascertained that Ausonius ever intended to do what he announces in the lines submitted above. It might have been difficult to expose, man by man (uiritim) famous Treveri (the Treveri are part of the Belgae in the Prouincia Belgica): even the people alluded to at the end are by name unknown. In all ways theses Treveri, peasants, lawyers, senators, but also (and mainly) merchants cared more for their ancestral traditions than for a shaky and vain fame.
Nonetheless, sculptures tells -in an idealised way- about aspects of their daily life (see the so-called Neumagen-monuments in the Rheinisches Landesmuseum, Trier; the newly arranged show-rooms of Luxembourg Musée National d'Art & d'Histoire).

A poem for the Future. The Present was rather unpleasant; the Rhine was the border again and not easy to defend. Inside the provinces, areas that had been famous for their prosperous abundance now declined towards a poor survival.
We cannot tell that Ausonius ignored these facts nor, acting as a mere spokesman of the emperor, complained in propaganda beyond and despite of what he knew about the reality. But he felt that the poet's part is to think and to sing for a coming time which may draw confidence and hope from the consciousness of what past and present had combined.

Translation and comment by Charles M.Ternes.
Arranged for the Net by Joseph Reisdoerfer.


ARANEOLA FINIS LIBELLUS